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La révolte silencieuse des mairies : quand les incivilités poussent 32 communes à la fermeture

🔴 La révolte silencieuse des mairies : quand les incivilités poussent 32 communes à la fermeture

Dans un geste de solidarité et de révolte face à une vague croissante d’incivilités, 32 communes du département du Cher ferment leurs portes durant deux jours. Ce mouvement symbolique, qui a pour but de dénoncer la montée des comportements irrespectueux envers les élus et les personnels administratifs, reflète une fracture inquiétante dans les relations entre les citoyens et les représentants de proximité. Cette décision, votée à l’unanimité, s’inscrit en soutien au maire de Saint-Priest-la-Marche, dont la mairie a fermé “jusqu’à nouvel ordre” après une série d’agressions verbales. Retour sur un phénomène qui prend de l’ampleur et qui soulève des questions profondes sur le rôle et le respect des élus locaux en France.

La montée inquiétante des incivilités : un mal croissant depuis la pandémie

Jean Giraud, maire de la petite commune de Saint-Priest-la-Marche, se souvient encore du jour où sa secrétaire a été la cible d’une agression verbale particulièrement violente. Cet incident, bien qu’isolé en apparence, est symptomatique d’un malaise plus vaste qui touche les communes rurales du Cher, et plus largement, de nombreuses régions de France. Des propos déplacés, des insultes parfois véhémentes, et un sentiment d’impunité de la part des citoyens irrités semblent être devenus monnaie courante.

Le maire, en première ligne de ces confrontations quotidiennes, s’exprime avec amertume : « C’est une évolution depuis le Covid. Avant, il y avait des comportements déplacés, mais ils se réglaient plus facilement. Aujourd’hui, nous sommes plus souvent livrés à nous-mêmes, moins respectés, et même la gendarmerie subit cette perte de considération. »

Ce constat est partagé par Jean-Luc Brahiti, président de la communauté de communes Berry Grand Sud, qui décrit un climat de méfiance et de défiance croissante envers les élus locaux. « Les gens nous hurlent dessus. C’est devenu invivable. » Des mots lourds de sens qui témoignent de la souffrance des élus face à une violence verbale banalisée, parfois pour des raisons futiles, et qui n’est plus cantonnée aux grandes villes mais touche aussi les territoires ruraux.

Une décision unanime : 32 communes ferment leurs portes en signe de protestation

Face à cette montée en puissance des incivilités, les maires du Cher ont décidé de prendre une mesure forte. Réunis en conseil communautaire le 26 septembre dernier, les représentants de 32 communes ont voté à l’unanimité la fermeture temporaire des mairies les 3 et 4 octobre, en soutien à leur collègue de Saint-Priest-la-Marche. Cet acte, bien qu’éminemment symbolique, marque un tournant dans la lutte des élus contre les comportements irrespectueux.

« Trop, c’est trop », s’exclame Jean-Luc Brahiti. « La mairie, c’est la maison de tout le monde, c’est un lieu d’accueil et d’écoute. Nous ne pouvons pas accepter que nos agents soient constamment agressés verbalement. » Pour ces élus, la fermeture des mairies est à la fois un cri d’alarme et une tentative de se faire entendre. Jean-Luc Brahiti l’affirme sans détour : « On nous entend, mais on ne nous écoute pas. »

Ces deux jours de fermeture ne seront pas complètement silencieux. Bien que les portes des mairies resteront fermées aux démarches administratives non urgentes, les services en cas de nécessité — comme un dégât important — resteront accessibles, tout comme les rendez-vous déjà programmés avec les élus. Delphine Morand, secrétaire générale de la mairie de Châteaumeillant, précise que l’accueil téléphonique sera maintenu afin de gérer les urgences.

Le malaise des élus : être maire, un poste de plus en plus dévalorisé ?

Ce geste de fermeture collective ne survient pas par hasard. Il s’inscrit dans un contexte national de dévalorisation croissante du rôle des élus locaux. Depuis plusieurs années, les maires, surtout ceux des petites communes, tirent la sonnette d’alarme sur la multiplication des agressions verbales, des pressions, et des attentes parfois démesurées de la part de leurs administrés. En 2023, la Fondation Jean-Jaurès soulignait déjà une forte augmentation des démissions d’élus en France, un phénomène en partie lié à cette crise de la relation entre élus et citoyens.

La pandémie de Covid-19 a exacerbé ces tensions. En tant que figures de proximité, les maires ont dû prendre des décisions difficiles, souvent impopulaires, que ce soit en matière de confinement, de fermetures de services publics, ou de gestion des ressources locales. Ces choix, bien que souvent imposés par les circonstances, ont accentué la pression sur des élus déjà épuisés.

Frédéric Durant, maire de Châteaumeillant, partage ce constat : « Nous sommes tous les jours confrontés à des gens mécontents, qui se croient tout permis. C’est le quotidien de chaque maire, chaque adjoint. Nous sommes critiqués, c’est normal, mais les comportements deviennent de plus en plus dégradés. » Pour lui, la fermeture des mairies est un geste de solidarité, mais aussi un moyen de rappeler que les élus restent des figures respectables, malgré les critiques et les tensions.

Les incivilités : un symptôme d’un malaise sociétal plus large ?

La montée des incivilités contre les élus ne se limite pas au Cher. Elle s’inscrit dans un mouvement plus large de délitement du respect de l’autorité dans la société française. Le phénomène touche non seulement les maires, mais aussi les enseignants, les agents de la fonction publique, les forces de l’ordre, et plus largement, toutes les figures d’autorité ou de médiation. À l’heure où les réseaux sociaux offrent des tribunes anonymes pour exprimer colère et frustration, le dialogue entre élus et citoyens se fait de plus en plus rare, remplacé par des invectives, parfois violentes.

Selon Jean-Luc Brahiti, cette perte de respect envers les institutions locales reflète un sentiment de malaise général au sein de la population. « Il y a une défiance croissante envers tout ce qui représente l’État ou l’autorité. C’est un phénomène qu’on retrouve partout en France, mais qui est particulièrement visible dans les petites communes. » Le président de la communauté de communes appelle à une prise de conscience collective, et espère que cette fermeture symbolique des mairies servira de catalyseur pour un changement dans les mentalités.

La question qui se pose désormais est celle de l’avenir des relations entre les citoyens et leurs élus locaux. Comment rétablir un climat de confiance et de respect mutuel ? Les élus du Berry Sud demandent la mise en place de campagnes de sensibilisation contre les incivilités et espèrent que cette action fera réagir les autorités publiques à un problème qui ne peut plus être ignoré.

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Les 3 et 4 octobre, les portes des mairies de 32 communes du Cher resteront fermées, comme un geste de révolte silencieuse. Derrière ces portes closes, c’est un appel à l’apaisement, au dialogue et surtout au respect qui est lancé. Face à la montée des incivilités, les élus locaux cherchent à rappeler qu’ils ne sont pas des cibles faciles, mais des acteurs de proximité, au service de leurs administrés. Cette action, bien que symbolique, pourrait marquer le début d’un mouvement plus large en France, où la reconnaissance du rôle des élus et la lutte contre la violence verbale deviendront des enjeux cruciaux pour l’avenir de la démocratie locale.

Il est essentiel de rappeler que le dialogue et le respect mutuel sont les fondements d’une société apaisée. Dans ce contexte, les maires du Cher espèrent que leur fermeture temporaire des mairies servira de signal fort, incitant à une réflexion collective sur la manière dont les citoyens interagissent avec leurs élus, et plus largement, sur la place du respect dans notre société.

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