Tournée mémorielle du C-135 à Avord – Revenir à ses racines

Il est le premier amour de nombreux Aviateurs. Il a participé au tout premier chapitre de la dissuasion nucléaire aux côtés de son binôme, le Mirage IV. On le qualifie aussi comme étant souple, polyvalent et infaillible. Le C-135 embarque ainsi avec lui un vécu opérationnel. Plus qu’un lieu de travail, il est, pour son équipage, une épopée. C’est dans cet esprit que l’escadron 4/31 « Sologne » est parti à la rencontre des Aviateurs, dans l’objectif de retranscrire les dernières lignes de son histoire.

Jeudi 3 avril – 13 h 30 : la météo est radieuse. Sans l’ombre d’un nuage, elle nous laisse l’opportunité de profiter d’un spectacle à ciel ouvert. Le C-135 repose sur le tarmac de la deuxième plus grande base de France. Pour le deuxième acte de sa tournée, l’équipage a pris soin d’habiller l’avion pour l’événement. Nous apercevons le drapeau français élevé en sortie de porte latérale puis la perche de ravitaillement méticuleusement exposée à l’arrière de l’appareil. Une présentation qui nous offre ainsi l’occasion de saisir les atouts du gros-porteur. Journalistes, Aviateurs, classes de Défense et personnalités locales, tous se sont réunis pour profiter d’un même récit. Les visites s’enchaînent dans les entrailles de l’avion. En plusieurs groupes, petits et grands sont accueillis par les pilotes et opérateurs de ravitaillement en vol. Un premier passage s’effectue dans le cockpit où le commandant de bord explique les spécificités de son pilotage. Un pilotage archaïque de par sa vieille mécanique et sa robustesse, mais non moins passionnant pour ces pilotes en quête d’opérationnel.

60 ans d’histoire

La rencontre entre les Aviateurs et le « tanker » se poursuit en soute arrière, où, pour l’occasion, l’équipage a installé un projecteur laissant défiler plus de 60 ans d’histoire. Les images parlent d’elles-mêmes. Cette exposition est un choix réfléchi pour les mécaniciens qui ont souhaité animer leur « boom » ou leur « baignoire », termes familiers pour définir leur lieu de manœuvre. C’est effectivement en position allongée dans une couchette finement étudiée, avec vue directe sur le ciel, que le spécialiste actionne ses manettes afin de ravitailler les avions en besoin de carburant. Le major François, aujourd’hui réserviste et ancien opérateur de ravitaillement en vol, revient sur ses premières années à bord de l’aéronef : « J’ai fait ma rencontre avec le C-135 quand j’avais tout juste 18 ans. Je suis entré mécanicien puis rapidement j’ai souhaité devenir navigant. » Ainsi, en tant qu’opérateur de ravitaillement en vol, le sous-officier supérieur dédiera quinze années d’engagement au sein de l’appareil. « Le C-135 est un avion exceptionnel. Il est incassable. Peu importe la panne dont il est victime, il arrivera à destination », nous explique-t-il. Ce dernier revient alors sur son temps passé à bord de l’aéronef : « J’ai connu différentes étapes de l’histoire. D’abord déployés en pleine guerre froide, puis sur le continent africain, nous étions constamment en alerte. À l’époque, nous étions basés ici même, sur Avord. C’est à ce même endroit qu’un pôle de réaction a été créé. » En effet, l’escadron de ravitaillement en vol 4/31 « Sologne » a vu le jour à Avord le 15 avril 1966.

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Un retour aux racines

La journée se conclut par une conférence donnée par le chef de l’escadron 4/31 « Sologne », le lieutenant-colonel Anthony, au sein du cinéma de la base aérienne. Curieux et passionnés se rejoignent afin de revenir sur les pas, ou plutôt sur les rouages, du ravitailleur. « Tout ce que vous verrez lors de cette conférence est empreint de nostalgie. C’est un témoignage donné avec passion », introduit le commandant de l’escadron. C’est, en effet, avec une vive passion que ce dernier présente l’histoire de son unité à travers le prisme de l’opérationnel, qualifiant notamment l’avion de « témoin discret des opérations ».

La tournée mémorielle du C-135 symbolise ainsi le retour aux racines d’une époque, où chaque escale, chaque vol, chaque geste commémoratif permet de raviver la mémoire collective. À travers cette initiative, c’est une histoire partagée, celle des Aviatrices et des Aviateurs qui ont œuvré au cœur du C-135.

Rendez-vous le 30 juin prochain, où le premier ravitailleur français tirera sa révérence lors d’une ultime cérémonie, sur sa base mère, à Istres.

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