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Bassines dans le Cher : débat autour des projets de retenues d’eau

Villequiers : au cœur des controverses sur les bassines

Bassines Non Merci Berry. @ FaceBook

Dans le département du Cher, les tensions autour des projets de bassines ne cessent de croître. Alors qu’une dizaine de projets de retenues d’eau destinées à l’irrigation agricole sont en cours, le collectif Bassines Non Merci Berry (BNM Berry) et des habitants, notamment à Villequiers, dénoncent les impacts environnementaux. Ce mercredi 25 septembre, une réunion publique organisée à Villequiers a rassemblé une soixantaine de personnes venues exprimer leurs préoccupations. De l’autre côté, les partisans de ces bassines, comme Étienne Gangneron, président de la Chambre d’agriculture du Cher, défendent leur nécessité face au dérèglement climatique.

Villequiers : au cœur des controverses sur les bassines

Villequiers, une petite commune du Cher, est devenue l’un des symboles du débat autour des bassines. Dans les prochaines années, trois bassines devraient y être construites. Ces réservoirs artificiels, qui permettent de stocker de grandes quantités d’eau, sont destinés à irriguer les cultures en période de sécheresse. Un projet est déjà en cours de construction, renforçant les inquiétudes des opposants.

Les dangers dénoncés par les opposants

Pour les militants de BNM Berry et certains habitants de Villequiers, ces bassines représentent une menace pour l’environnement. Selon eux, elles affectent non seulement les ressources en eau, mais aussi la fertilité des sols, la biodiversité et le bilan carbone. François Crutain, un ancien maraîcher bio du département et membre actif du collectif, explique : « Ce n’est pas une solution au réchauffement climatique ni aux épisodes de sécheresse. »

Les opposants craignent également que la présence d’eau stagnante en surface favorise la prolifération de bactéries et détériore la qualité de l’eau. Ce risque d’eutrophisation des bassins est régulièrement mis en avant dans ce type de contestation.

Une concentration inquiétante de projets

Le collectif dénonce aussi la forte concentration de bassines dans certaines zones du Cher. Au-delà de Villequiers, plusieurs autres communes, comme Baugy, Villebon ou Quincy, sont concernées par des projets similaires. Sur sept kilomètres, quatre bassines sont prévues. Selon BNM Berry, ces infrastructures pomperaient jusqu’à 245 000 m³ d’eau, soit l’équivalent de 100 piscines olympiques, un chiffre qui inquiète particulièrement les défenseurs de l’environnement.


Des arguments économiques en faveur des bassines

Face aux critiques, les partisans des bassines, comme Étienne Gangneron, président de la Chambre d’agriculture du Cher, défendent leur utilité, affirmant qu’elles sont une réponse à la sécheresse croissante et aux restrictions d’irrigation imposées par les autorités. Selon lui, ces réservoirs permettent de stocker l’eau durant l’hiver, une période où les nappes phréatiques sont pleines, pour ensuite l’utiliser en été, lorsque les cours d’eau sont à des niveaux bas.

« On pompe dans la nappe l’hiver lorsque cette dernière est pleine à ras bord et qu’elle déborde, cela ne pose aucun préjudice. La substitution est un principe très vertueux », affirme Gangneron. Il précise également que les bassines permettent une meilleure gestion de l’eau en période de basses eaux, réduisant ainsi les prélèvements estivaux qui fragilisent les écosystèmes fluviaux.

Les prévisions climatiques comme justification

Les prévisions du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sont également utilisées par les partisans des bassines pour légitimer ces projets. Selon Étienne Gangneron, les précipitations devraient augmenter dans les décennies à venir, mais à des périodes où l’eau sera moins nécessaire pour l’agriculture. D’où la nécessité, selon lui, de stocker cette eau.

Il avance également l’argument économique : les cultures dites « sèches » comme le blé, l’orge ou le colza, n’offrent pas de grandes marges bénéficiaires. L’irrigation permet de diversifier les cultures, notamment vers des produits à plus forte valeur ajoutée comme les légumes ou les semences, augmentant ainsi les revenus des agriculteurs et stimulant l’économie du département.


Les opposants prônent une autre agriculture

Pour François Crutain et les opposants aux bassines, les arguments économiques ne justifient pas les dégâts potentiels sur l’environnement. Ils dénoncent une agriculture trop tournée vers le profit et encouragée à utiliser toujours plus d’eau pour des cultures inadaptées aux conditions climatiques actuelles. « Tout est réduit à l’aspect économique et financier », regrette Crutain, qui prône une approche plus respectueuse de l’environnement.

Le militant préconise un changement radical du modèle agricole. Selon lui, il est nécessaire de favoriser des pratiques agroécologiques, comme la replantation de haies, la généralisation de l’agroforesterie, le retour à la polyculture élevage et le développement des circuits courts. Ces méthodes, selon Crutain, permettraient de mieux préserver l’eau et la fertilité des sols tout en garantissant une agriculture plus résiliente face aux défis climatiques.

Un avenir incertain pour les bassines

Si les projets actuels suscitent déjà des tensions, l’avenir pourrait être encore plus conflictuel. À l’horizon 2028, des mégabassines collectives pourraient voir le jour dans le Cher. Ces réservoirs, de taille bien supérieure aux bassines actuelles, inquiètent encore davantage les opposants, qui parlent de « méga-inconvénients » pour l’environnement.

Les futures réunions publiques d’information, organisées par les autorités ou les collectifs citoyens, s’annoncent houleuses, car le débat sur la gestion de l’eau et l’avenir de l’agriculture dans le Cher est loin d’être clos.

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Le débat autour des bassines dans le Cher reflète un conflit plus large entre défenseurs de l’environnement et partisans d’une agriculture intensive. Si les partisans des bassines voient en elles une solution partielle face aux sécheresses et un levier pour l’économie agricole, les opposants dénoncent un modèle agricole non durable qui épuise les ressources naturelles.

Avec l’évolution des conditions climatiques et les tensions autour de la gestion de l’eau, la question des bassines risque de continuer à diviser les habitants du Cher, entre nécessité de s’adapter aux nouveaux défis et protection de l’environnement à long terme.

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